La sauge arrachée, les truffes jetées, mes tentations pourtant persistèrent. Il en vient dans le Brandebourg, & en d’autres endroits d’Allemagne ; M. Hatton a le premier découvert les truffes de Northampton, province d’Angleterre, & Morton les a décrites dans son histoire naturelle du pays. On pourroit, à l’exemple des Botanistes, pour déterminer la nature des productions de chacun de ces climats, examiner les plantes qui y croissent ; mais cet examen nous meneroit trop loin ; & il suffira de dire que, depuis Marseille jusqu’à Carcassonne, le pays est couvert d’oliviers ; qu’il ne s’en trouve plus après cette ville ; & que ceux qui sont dans son voisinage y réussissent très-mal. Un sol aussi excellent donne les plus brillantes récoltes, soit en grains, soit en tabac, soit en lin : on est étonné de la quantité d’huile que l’on y retire des graines de colsat, de navette, & du produit du houblon pour ces pays.
La suite des côteaux & des vallons du haut Médoc, donne de bons abris, & est surchargée de vignes dont le vin a de la réputation ; sa qualité dépend autant du terrain sabloneux, dans lequel la vigne est plantée, que de son exposition. Les prés salés des bords de la mer, nourrissent des moutons, dont la chair est fine & délicate : le chanvre, le lin, y sont cultivés en grand, & la marine en assure le débit, après en avoir encouragé la culture. Le bassin de Vannes, de Quimper, &c., est riche en bled ; celui de Saint-Brieux, en grain, en chanvre, en lin ; enfin, celui de Caen, en toutes sortes de productions : le cidre, & dans quelques endroits le poiré, fournissent à la boisson habituelle des habitans. Le bassin de Rennes fournit le froment, le seigle, l’avoine, pour sa consommation, & une quantité considérable de sarrasin ou bled noir.
Nous joignons donc ensemble une grande quantité d’idées particulieres, lorsque nous nous formons l’idée générale que nous exprimons par le mot animal ; & l’on doit observer que dans le grand nombre de ces idées particulieres, il n’y en a pas une qui constitue l’essence de l’idée générale. Comme le sol est peu élevé au dessus du niveau de l’eau, les pâturages y sont abondans ; & du Calaisis ou du Boulonnois, il passe en Normandie une quantité considérable de jeunes chevaux, que l’on y vend quelques années après pour des chevaux normands. Tout ce bassin est visiblement un dépôt de la mer ; tantôt le terrain se trouve composé d’un sable pur & quelquefois mouvant, ce qui forme & a formé les dunes ; tantôt, c’est une couche d’argile impénétrable à l’eau, ou une couche de matière ferrugineuse aglutinée avec le sable, & qui se laisse difficilement pénétrer par les racines des plantes à cause de sa trop grande compacité : cependant, si on expose à l’air cet alios, ces molécules & ces graviers se désunissent peu à peu.
’approche du midi, plus les landes se multiplient, ainsi que les dunes : les pins maritimes, ou pinadas, y sont en grand nombre, & c’est le seul produit qu’on en obtienne, soit en tirant la résine de ces pins, soit en les réduisant ensuite en charbon. La Picardie fournit presque toute la graine de lin qu’on sème dans la Flandre, la Normandie & la Bretagne ; & souvent, dans ces deux provinces, on la vend aux autres provinces du royaume pour de la graine de lin de Riga. On ne fait point assez attention à cette grande vérité, & plus on réfléchit, & plus on trouve que les abris ont décidé les genres de culture dans le royaume & ailleurs. Les habitans de ces cantons ont donc été contraints de recourir à des cultures plus analogues à leur position, & aux abris dont ils jouissent. Au midi & à l’embouchure de la Loire, au dessous de Nantes, s’élève une chaîne de montagnes qui court à l’est du côté d’Angers, remonte au nord entre Laval & Angers, à Domfront ; revient encore à l’est pour gagner Séez, remonte au nord pour aller se réunir & s’incliner vers l’embouchure de la Seine à Pont-Audemer : de Domfront, tirant au nord-ouest, la même chaîne se propage jusqu’à Barfleur & au cap de la Hogue ; au dessus de Rennes, un embranchement s’étend à l’est, & à Rosternau il se subdivise en trois parties, dont la plus septentrionale s’étend à Brest, la mitoyenne gagne le cap le Ras, & la troisième, tirant au midi, vient à Vannes former un des côtés de l’embouchure de la Vilaine.